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Je suis enseignant-chercheur à Audencia et membre du Grace. Je travaille en droit, en management et en éthique sur des questions liées au bien commun et au sens au travail.

 

https://faculte-recherche.audencia.com/cvs/cv/sandrine-fremeaux/

 

https://www.grace-recherche.fr/equipe/sandrine-fremeaux/

 

https://hal.archives-ouvertes.fr/tel-01337242/

 

https://www.grace-recherche.fr/publications/hdr-sandrine-fremeaux-sens-au-travail-management-au-travail/

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   Je m’appuie sur une anthropologie large et non restrictive, alliant les deux facettes humaines, l’homo donator et l’homo reciprocus, sans réduire l’être humain à un individu dont la seule joie serait de donner gratuitement ou à un individu uniquement calculateur, intéressé et motivé par l’appât du gain. À la fois homo donator et homo reciprocus, l’homme a besoin de réaliser des dons gratuits et des échanges.

De plus en plus de chercheurs observent que la gratuité est facteur d’échanges et de réciprocité généralisée (A donne à B, B donne à C…). En d’autres termes, le paradoxe peut être énoncé comme suit : plus on tend vers la gratuité, et plus on tend vers la réciprocité généralisée.

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   Ainsi, il est possible de parler d’efficacité du don gratuit sans pour autant le dénaturer. Le don gratuit serait efficace, simplement parce qu’il serait réellement tourné vers l’autre. En effet, si l’individu se concentre sur ce qu’il donne, ou sur l’autre, il peut donner au-delà de ce qu’il est habituel ou prévisible de donner et obtenir des résultats inattendus.

L’homme a besoin de donner pour participer au bien commun et pour trouver le sens de son travail et de sa vie.

 

https://halshs.archives-ouvertes.fr/hal-00797037/

 

https://link.springer.com/article/10.1007/s10551-011-0749-5

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Mes travaux récents portent sur le concept de réciprocité généralisée, c'est-à-dire des dons qui ne reviennent pas nécessairement aux donneurs initiaux, mais qui produisent une cascade de dons que l'on peut aussi appeler une culture du don, une culture de la générosité (Frémeaux et Moneyron, 2023) ou une culture de la solidarité (Frémeaux, Sferrazzo et Grévin, 2024). Cette cascade de dons bénéficie à l'ensemble des organisations et des individus impliqués dans le projet initial, qui est le plus souvent, dans ces études, un projet social visant à aider les plus vulnérables.

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https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/emre.12603

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https://hal.science/UNAM/hal-04346138v1

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Mes racines

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   Dans ma fonction d’enseignante, je suis touchée par les difficultés inhérentes à la formation des futurs managers. Baignés dès le plus jeune âge dans la course à l’excellence scolaire, parfois même renforcée par l’élitisme de certaines formations, nos étudiants sont souvent invités à porter attention à ce qui valorise leur curriculum vitae, celui-ci étant alors vécu comme un prolongement du bulletin scolaire. Indépendamment de leurs aspirations personnelles, de leurs compétences extrascolaires, de leurs centres d’intérêts et de leurs valeurs, ils ont tendance à privilégier les filières d’excellence et à justifier les choix de formations et de stages par le seul prestige des institutions et des entreprises partenaires. Le maître mot devient la réussite professionnelle, c’est-à-dire cet « avoir » matériel ou symbolique que représentent les bonnes notes puis les diplômes puis l’enrichissement du curriculum vitae… puis l’évolution de carrière. Le sens est oublié, dénié, parfois ridiculisé, et comme l’exprimait Blaise Pascal : « Nous ne vivons jamais, mais nous espérions de vivre, et nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais » (Pensées, frag. 47-172).

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   Si on enseigne aux futurs managers qui intègrent une université ou une école qu’ils auront pour fonction de coordonner des actions individuelles dans la perspective de contribuer à la performance économique de leur organisation, ils risquent de ne jamais se préoccuper du sens de leur vie, ni de celui de leurs collaborateurs. Il semble d’ailleurs que les étudiants envisagent difficilement le management comme un métier en tant que tel.

Or, il se peut que le management soit précisément un métier qui donne à vivre les différentes dimensions du bien commun et du sens : en effet, il n’est possible d’aider ses collaborateurs à donner du sens à leur travail qu’à la condition de s’être soi-même ouvert aux différentes dimensions du bien commun et du sens.

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   Concrètement, comment une formation peut-elle aider les étudiants à rechercher le bien commun et le sens ? Pour répondre à cette question, nous avons mis en perspective les exigences philosophiques suggérées par la philosophie grecque platonicienne et aristotélicienne (c'est-à-dire le respect des règles, la dialectique, l'imitation et la délibération) et les barrières structurelles observables dans le monde académique (hégémonie des théories instrumentales, cloisonnement disciplinaire, hégémonie des technologies éducatives, et excès d'académisme ou de professionnalisation). Nous proposons certaines conditions structurelles pour faire progresser la formation éthique.

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   Premièrement, défini par Platon et Aristote comme crucial pour l'acquisition des vertus, le respect des règles juridiques peut être considéré comme une partie intégrante de la formation éthique. Outre l'accent mis sur les cours de droit, la formation éthique présuppose que le respect du droit ne soit pas affaibli par d’autres enseignements prônant au contraire le contournement de la législation. Elle implique qu'en tant que groupe, les enseignants-instructeurs soient tous conscients du rôle du droit en tant qu'ordre intermédiaire essentiel entre le monde économique et le monde éthique. Ce respect du droit ne conduit pas à prôner une obéissance aveugle aux lois en vigueur et à soutenir un positivisme juridique. Enracinée dans une réflexion éthique impliquant prudence et sagesse pratique, la connaissance du droit signifie qu'il faut être attentif aux valeurs éthiques et morales qui peuvent sous-tendre les règles juridiques et développer une capacité à remettre en cause le droit, voire à lui désobéir en cas de violation de ces valeurs.

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   Deuxièmement, les trois autres orientations - dialectique, imitation et délibération - peuvent être stimulées par le développement d'enseignements transversaux culturels ou éthiques. L'enseignement des sciences humaines et sociales telles que la philosophie, la psychologie, la sociologie, l'anthropologie et l'histoire peut fournir un horizon culturel important qui aide le futur manager à développer une habilité réflexive. Les cours sur l'éthique des affaires ou la responsabilité sociale des entreprises peuvent également contribuer à prendre du recul sur les critères éthiques des décisions, à condition qu'ils soient proposés de manière délibérative et interdisciplinaire.

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   Nous proposons un protocole pédagogique pour tous les cours qui peut être divisé en quatre étapes :

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   1) Clarification des objectifs pédagogiques au début du cours (c'est-à-dire clarté exemplaire de l'enseignant ; cohérence entre les règles pédagogiques annoncées au démarrage du cours et leur mise en œuvre ; rencontre physique avec l'enseignant-instructeur avant toute mise en œuvre des technologies éducatives).

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   2) Choix d'un contenu théorique reposant sur des domaines autres que les théories exclusivement instrumentales (c'est-à-dire confrontation entre théories instrumentales et non instrumentales ; référence au droit dans toutes les disciplines ; apprentissage du droit comme référence éthique et non comme une contrainte ou un simple outil économique).

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   3) Choix des modèles de conduite (c'est-à-dire choix de comportements éthiques exemplaires ; choix d'organisations humanistes).

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   4) Études de cas complexes et réalistes (c'est-à-dire analyse des différents aspects d'un problème en mobilisant une multiplicité de disciplines ; délibération sur les fins et les moyens).

 

https://link.springer.com/article/10.1007/s10551-016-3398-x

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S’inscrivant dans le cadre de la littérature sur l’éthique des vertus, nos travaux s’interrogent aussi sur la possibilité d’utiliser un portefolio des vertus dans le cadre de l’enseignement de l’éthique des affaires (Frémeaux, Donato & Noël-Lemaitre, 2023). Ce portefolio pourrait encourager les étudiants à s’engager dans une démarche contemplative, imitative et réflexive propice au développement de l’excellence morale. Il les invite à s’interroger sur leurs habilités à :

- Fournir une certaine quantité de travail qui n'est ni excessive ni insuffisante (par exemple, prendre en compte ses besoins physiques et psychologiques ainsi que ses aspirations en termes d'équilibre entre vie professionnelle et vie privée).

- Résister aux tentations (par exemple, résister à l'acrasie)

- opter pour une méthode de travail vertueuse (par exemple, travailler avec sérieux, attention et efficacité)

- Prendre le temps avant d'écrire (par exemple, prendre le temps de réfléchir avant de construire des idées)

- Prendre la bonne décision (par exemple, réfléchir avant de faire un choix)

- Apprendre des autres (par exemple, poser des questions)

- Accepter le point de vue des autres (par exemple, écouter les opinions divergentes ; admettre ses erreurs)

- Donner librement (par exemple, aider les autres dans l'accomplissement de leurs tâches)

- Faire preuve de patience dans les relations avec les autres (par exemple, patience avec ceux qui travaillent moins vite)

- Exprimer avec tact ce que l'on pense (par exemple, exprimer son appréciation ou sa déception, exprimer son désaccord)

- Affronter les conflits et envisager des solutions (par exemple, rechercher des solutions alternatives)

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https://hal.science/hal-04318901v1

Pédagogie

Recherche

   En tant que chercheur, je suis également intéressée par les possibilités dont nous disposons pour mener des actions vertueuses, dans un environnement qui est marqué par l'influence croissante du système « publier ou périr ». Comment se libérer d’un système qui se focalise sur les publications ? Nous avons interrogé des chercheurs travaillant dans différentes institutions et mis en évidence six moyens non exclusifs d'agir vertueusement au sein et au-delà du système de publication : prendre le temps de faire un travail de qualité, développer une vision personnelle, devenir un expert sur une question spécifique, développer une activité scientifique parallèle, diffuser les résultats au-delà du système de publication, et être impliqué dans une communauté de recherche. Je pense que nous pouvons ainsi nous épanouir dans une activité de recherche en dépit de la réduction de notre marge de manœuvre.

 

https://link.springer.com/article/10.1007/s10551-020-04434-3

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